Le réchauffement climatique mène la vie dure aux forêts de la région. Des mesures sont mises en place pour anticiper et contrer les effets. Mais certains paysages forestiers jurassiens pourraient changer lors des prochaines décennies.
Les dégâts sur les hêtres dans les forêts jurassiennes. (Photo : Office de l'environnement du canton du Jura)
Les forêts de l’Arc jurassien souffrent du réchauffement climatique. C’est ce qu’indique un rapport publié récemment par l’Office fédéral de l’environnement. Le document dresse un état des lieux de la situation des surfaces boisées.
Dans la région l’office cantonal de l’environnement n’a pas attendu la sortie de ce rapport pour évaluer la situation et prendre des mesures. Comme l’explique Didier Languetin, collaborateur scientifique au domaine forêts : « Au niveau régional, on connaît déjà bien la situation dans nos forêts, et les conclusions de ce rapport ne sont pas une surprise pour nous. Dans la région, il y a un réel problème de santé des arbres. Ils souffrent du dérèglement climatique. Il y a eu d’importantes vagues de dépérissement ; le phénomène s’est ralenti, mais il est toujours en cours. » Selon Didier Languetin, toutes les essences d’arbres sont touchées, avec des variations selon leur emplacement géographique. Les chênes pourtant connus pour être résistants au stress hydrique souffrent également.
Planter les bonnes essences aux bons endroits
Pour élaborer sa stratégie, l’office jurassien de l’environnement se base notamment sur des scenarios élaborés par la Confédération. Selon les projections, les conditions climatiques actuelles de la vallée de Delémont seront celles que l’on retrouvera à environ au-delà de 1000 mètres d’altitude à la fin du siècle. « Aujourd’hui, on travaille à l’adaptation de nos forêts au changement climatique. Selon les modèles climatiques, on s’attend à une élévation des étages de végétation d’environ 700 mètres d'ici à la fin du siècle. Il faut anticiper cela en introduisant les bonnes essences aux bons endroits. »
Didier Languetin : « Il faut anticiper cela en introduisant les bonnes essences aux bons endroits. »
Le paysage des Franches-Montagnes va changer
Cette élévation du climat aura donc des conséquences visibles sur le paysage, notamment aux Franches-Montagnes, explique Didier Languetin. « Les peuplements d’épicéas, emblématiques de la région, subissent actuellement de fortes pressions. Affaiblis par le manque d’eau, ils deviennent plus vulnérables aux attaques de ravageurs, comme le bostryche. À terme, l’épicéa est probablement voué à disparaître du paysage des Franches-Montagnes. D’ici 30 à 40 ans, les paysages auront sans doute beaucoup changé. » Mais des mesures sont prises pour faire face à la situation. « Des programmes de plantation de feuillus sont en place depuis plusieurs années, pour maintenir la surface boisée tout en amorçant la transition vers d’autres essences », précise Didier Languetin /tna
