Brune Suisse local. C’est le nom de la manifestation mise sur pied par l’organisation Braunvieh Schweiz qui défend les intérêts des éleveurs de cette race bovine. L’événement, organisé sous la forme d’une journée porte ouverte et découverte, se déroule pour la première fois en Suisse romande. C'est la famille Kohli qui a l'honneur d'accueillir les visiteurs samedi sur son exploitation de Plain Fahyn, au-dessus de Perrefitte, située dans une clairière de 44 hectares, où est produit du lait Brown Swiss qui est ensuite transformé en Tête de Moine AOP.
Un honneur
Initialement créé pour mettre en lumière le travail des éleveurs qui défendent la race bovine Brune suisse, l'événement Brune Suisse local n'avait jusqu'ici jamais franchi la célèbre barrière de röstis. La raison en est simple, puisque l'écrasante majorité des élevages de Brune suisse se situent côté alémanique. Mais comme chacun le sait, chaque règle a son exception. Un exception qui s'appelle Martin Kohli. Certes, le président de la Chambre d'agriculture du Jura bernois n'est pas le seul et unique éleveur à travailler avec cette race bovine dans la région. Mais il en est toutefois un des plus fidèle et célèbre représentant. C'est sans doute pour ça qu'il a été choisi pour accueillir la toute première édition romande de la manifestation sur ses terres. «Il y en a peut-être d'autres à qui on a demandé qui ont eu un peu peur de l'organisation», plaisante-t-il avec un brin de modestie, avant de se reprendre. «On a été un peu surpris mais c'est clair que c'est une certaine fierté quand même». Une fierté mais aussi un bon moyen de faire la promotion de cette race encore très peu répandue dans la région.
Martin Kohli : "Elle est attachante, les langues méchantes diront même qu'elle est lèche-cul parce qu'elle nous suit un peu partout"
Historique et économique
Si la Brune suisse se fait rare sous nos latitudes, ce n'est pas pas timidité ou par dédain pour la région du Grand Chasseral. «Dans les années 60-70, c'était encore très strict et on n'osait pas avoir deux races», explique Martin Kohli. En effet, il y a soixante ans, les régions étaient bien définies pour l'élevage de la Brune, de la tachetée rouge ou de la Simmental. Dans le canton de Berne, l'élevage de la Brune était tout simplement interdit, exception faite du Haslital dans l'Oberland. Dès lors, ça réglait la question. «Ici, c'était clairement une région définie pour la rouge», ajoute le Beutchin. Ce n'est que plus tard, en 1969, lors de la création du Syndicat d’élevage de la race Brune de Saules, auquel l'exploitation Kohli est rattachée, que les règles se sont assouplies et que les parents de Martin ont pu démarrer l'élevage de cette race bien particulière. Un choix sans doute aussi motivé par un aspect économique. «À l'époque, une brune coûtait moins chère qu'une belle Simmental alors qu'aujourd'hui c'est plutôt le contraire», souligne encore l'éleveur. /rme