De la drogue pour inaugurer le nouveau Tribunal pénal du Jura

Ils ont trafiqué de la drogue, la justice cherche à comprendre de quelle manière. Le nouveau ...
De la drogue pour inaugurer le nouveau Tribunal pénal du Jura

Palais de Justice Palais de Justice

Ils ont trafiqué de la drogue, la justice cherche à comprendre de quelle manière. Le nouveau Tribunal pénal du Canton du Jura a ouvert le premier procès de son existence lundi au Château de Porrentruy.

Face aux trois juges, un trio d’Africains, arrêtés le 13 juillet 2010 et accusés d’avoir importé d’Espagne, un nombre indéterminé de grammes de cocaïne pour les revendre en Suisse. Comme souvent dans ce genre d’affaire, rien n’est simple.

 

Ils sont père et mère de famille

L’un des accusés est établi et marié dans les Franches-Montagnes. Son rôle est central dans l’affaire selon la procureure Frédérique Comte. Il aurait demandé à un compatriote ami, qui possède un appartement à Neuchâtel, d’aller chercher de la drogue à l’aéroport de Bâle. De la cocaïne importée d’Espagne par la troisième accusée, une mère de cinq enfants domiciliée dans la péninsule. Elle aurait fait le voyage à quatre reprises.

Face au président Pierre Lachat, les accusés, soutenus par des traducteurs, admettent en partie certains faits mais leurs déclarations sont si contradictoires qu’elles deviennent confuses lorsqu’ils doivent répondre aux éléments de preuves, notamment les écoutes téléphoniques et les saisies.

Le trafic de drogue se transforme tout à coup en trafic de chaussures, de viande, et même de sentiments. La rencontre de Bâle, c’était des retrouvailles entre amoureux.

 

De lourdes de peines requises

Pour le premier réquisitoire de sa carrière, Frédérique Comte a pris une heure et demie pour démontrer la culpabilité des prévenus. Ils ont agi par appât du gain selon elle, puisque tous trois ne consomment pas ou peu de drogue.

La procureure, qui craint la fuite des prévenus, réclame quatre ans de prison ferme pour l’homme établi aux Franches-Montagnes ; trois ans dont au minimum dix-huit mois fermes pour le second ; et trente mois dont quinze fermes pour la femme.  

 

La liberté pour tous

Cela fait quatorze mois moins quelques jours que deux des accusés vivent en prison. L’homme marié aux Franches-Montagnes a été libéré après 117 jours de préventive. Point commun entre les trois avocats, ils réclament la liberté pour leur client.

La femme, une mule dans l’affaire, a été instrumentalisée. Son avocat réclame l’acquittement et des indemnités pour tort moral (14'000 francs), en démontrant qu’elle ne savait pas qu’elle transportait de la drogue.

Le second reconnaît avoir participé à un trafic, mais son avocat estime qu’il n’est qu’un passeur de témoin. Il demande quatorze mois avec sursis, soit la durée de la préventive.

Enfin l’avocat de l’homme établi aux Franches-Montagnes conteste, faute de preuves, toutes les accusations sauf la vente de 10 grammes de cocaïne à Montreux. La peine ne doit pas dépasser la durée de la préventive.

Pierre Lachat, Carmen Bossart Steulet et Corinne Suter, le trio de juges, rendront leur verdict mardi matin. /clo


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