Un agriculteur est jugé mardi pour homicide par négligence et infraction à la loi sur la circulation. Quatre personnes sont sur le banc des plaignants au tribunal de Première Instance à Porrentruy. Il s'agit des trois filles de la victime et de sa seconde épouse.
Cette affaire délicate avait fait beaucoup parler d’elle, au moment des faits en septembre 2010.
Le déroulement des faits
Il y a un peu plus d’un an, un cycliste s’était tué après avoir heurté une ficelle entre Berlincourt et Bassecourt. Une ficelle tendue par le prévenu, un agriculteur de Bassecourt, au travers d’une route secondaire interdite à la circulation. Le fil devait permettre le passage d’un troupeau de vaches. La ficelle de couleur beige, et le triopan, sorte de triangle de signalisation, n’étaient pas assez visibles, semble-t-il. La victime, un homme de 76 ans habitant à Berlincourt, a heurté la corde et chuté lourdement. Il est décédé après avoir passé vingt jours dans le coma.
Compléments de preuve demandés par la défense
Le procès, débuté le 28 juin dernier, avait été reporté. La défense demandait des compléments de preuves, notamment une reconstitution des faits et la présence de témoins. C’était chose faite mardi, puisque toutes les parties, ainsi que le juge Pierre Lachat, se sont retrouvées sur les lieux du drame dans la matinée. Un facteur de Bassecourt était également sur place pour témoigner. Il était passé à cet endroit cinq minutes avant l’accident. Il a expliqué qu’il y passait chaque jour et qu’il avait donc connaissance de cette ficelle.
De retour au tribunal à Porrentruy, deux témoins ont encore été entendues, non sur l’accident en lui-même, mais sur les lieux et la disposition de la ficelle et du triopan.
25'000 francs pour tort moral
Les quatre plaignantes demandent 25'000 francs chacune pour tort moral. Les trois filles réclament également 16'500 francs pour les frais funéraires. Selon l’avocat de l’épouse de la victime, le prévenu savait que cette corde était dangereuse, car peu visible de loin. L’agriculteur aurait donc dû être plus vigilant. Même son de cloche du côté de l’avocat des trois filles de la victime.
L’avocat du prévenu, lui, a rappelé que la victime était un habitué des lieux. Il passait souvent à cet endroit à vélo. L’agriculteur a rappelé plusieurs fois qu’il ne comprenait pas pourquoi l’homme ne s’était pas arrêté, puisqu’il connaissait les lieux. Selon le prévenu, seul témoin visuel du drame, le cycliste n’a pas freiné, bien que le troupeau de vaches soit sur la route. Selon l’avocat de l’agriculteur, le cycliste aurait dû s’arrêter en voyant les vaches traverser la petite route. D’autant plus qu’il connaissait l’existence de cette ficelle.
Le jugement sera rendu le 26 octobre. /mko