Les archéologues sont à pied d’œuvre sur le site de Tag Heuer. Les fouilles sont conduites depuis près d’un mois sur l’emplacement de la future usine à Chevenez. Un crédit supplémentaire de 250'000 francs a permis de mener ces travaux rapidement. Un crédit accordé directement par le gouvernement.
Une procédure d’urgence
La procédure peut sembler inhabituelle, elle est en fait très courante. En temps normal, le parlement doit donner son aval à ce genre de crédit. Mais en cas d’urgence, l’article 57 de la loi sur les finances donne compétence décisionnelle au gouvernement, qui en informe la commission de gestion des finances. Et l’urgence dans ce cas est démontrée. La présence de vestiges à cet emplacement était imprévisible : le site n’est pas répertorié en zone de protection. Et ce sont les premiers coups de pioche pour lancer la construction de l’usine qui ont mis en évidence l’importance archéologique du lieu.
De son côté, l’entreprise se dit très satisfaite de la réactivité des autorités. Elle pourrait toutefois aussi mettre la main à la poche. Le court délai négocié a imposé des moyens supplémentaires, notamment l’emploi d’une seconde pelle mécanique. Des négociations sont en cours avec Tag Heuer pour une éventuelle participation. La construction de l’usine peut toutefois débuter. Elle a été revue en raison des trouvailles plus importantes que prévu et s’échelonnera en trois étapes. Les archéologues ont déjà libéré une première zone pour mener des travaux, qui pourront débuter dès la semaine prochaine. De leur côté, les scientifiques poursuivront leurs recherches sur le reste de la surface jusqu’à la fin du mois.
Le sol recèle de trésors
Le site a déjà permis la découverte de vestiges de trois périodes. Des foyers de forge et des bâtiments en bois de l’époque romaine ont été dégagés, ainsi que des objets en fer et de nombreuses céramiques. Dont une amphore qui pour l’anecdote se trouvait pile en dessous de la première pierre posée symboliquement pour la construction de l’usine. Plusieurs zones dépotoirs ont livré quantité de matériel. Des structures, vraisemblablement d’habitat, et des poteries écrasées ont quant à ellles été datées de l’âge du bronze final. Enfin, les archéologues ont trouvé des silex mésolithiques dans des concentrations plus ou moins larges, qui ont certainement été apportés et non produits sur le site. Les analyses après les fouilles devraient mettre ces trouvailles en perspectives.
Un service destiné à s’étoffer
A l’heure actuelle, l’archéologie jurassienne est en pleine transition. Les fouilles menées dans le cadre de l’A16, distinctes des fouilles cantonales, touchent à leur terme. Restera encore à achever les études qui y sont liées, mais des licenciements sont d’ores et déjà programmés. Pour sa part, le service cantonal proprement dit compte actuellement 1,8 poste, partagé entre quatre personnes. Le Gouvernement est en discussion avec son responsable pour en définir les contours à l’avenir. Le service sera probablement appelé à prendre un peu d’ampleur pour répondre à sa mission. /iqu