Le Jura soigne ses abeilles. La Fédération d’apiculture du canton du Jura a convoqué la presse lundi pour présenter les pertes hivernales encore trop hautes, malgré l’efficacité de l’acide formique contre le varroa. Les raisons multiples de ce taux de mortalité inquiétant ont été présentées par Isabelle Queloz, présidente de cette fédération. Mis à part la météo et les pratiques apicoles, les combinaisons et interactions complexes des produits phytosanitaires – tels les néonicotinoïdes - sont certainement en cause mais restent encore peu comprises. Pour prévenir et lutter contre des épizooties et garantir une production la plus sanitaire possible, de nouveaux contrôles vont prochainement être mis sur pied dans le Jura sous l’autorité du Service vétérinaire cantonal.
Taux de mortalité trop haut
Le varroa, cet acarien parasite qui décime les colonies depuis de nombreuses années, est un des plus gros problèmes des apiculteurs. Et les traitements font partis des pratiques apicoles les plus influençables sur un rucher. Ainsi un sondage a été lancé au printemps 2010 afin de recueillir des informations sur les pertes hivernales, les produits et la manière de lutter contre le varroa.
Suite à quatre années d’analyses, ce fléau a été largement réduit dans le Jura. Simon Aebi, apiculteur initiateur de ce sondage explique qu’en 2010 les produits les plus utilisés étaient à base de thymol (thym) comme l'Apiguard. Or ceux-ci laissent des traces dans tout le rucher (jusqu'au miel) et entraînent une accoutumance pour le varroa, perdant ainsi en efficacité. Grâce à cette étude, des campagnes de conseils effectuées par la Fondation rurale interjurassienne et la distribution gratuite d'acide formique par le Service vétérinaire, la tendance s'est inversée.
Désormais 80% des apiculteurs jurassiens utilisent ce produit et les pertes hivernales sont descendues à 22%, alors qu'elles étaient de 34% en 2009-2010. Malgré tout, ce taux de mortalité est encore beaucoup trop haut.
De nouveaux contrôles
Le Service vétérinaire suisse considère les apiculteurs comme des agriculteurs. Ainsi toute la chaîne de production de miel est régulièrement contrôlée, la santé des animaux et des consommateurs étant une préoccupation importante. Dans cette optique, dès printemps 2014, des suivis supplémentaires vont être mis en place concernant les ruchers jurassiens, comme c’est déjà le cas dans d’autres cantons de Neuchâtel et Genève.
Mais les apiculteurs n’ont pas à s’inquiéter. Ils consistent simplement en plus à vérifier l’utilisation des médicaments vétérinaires et les conditions de la production primaire, c’est-à-dire notamment l’hygiène dans le prélèvement et le stockage du miel.
Aujourd’hui il existe quatorze inspecteurs des ruchers dans le canton qui effectuent quinze à vingt contrôles par mois. Même s’ils sont défrayés, ils effectuent ces visites sur leur temps libre. Il faudra donc former trois ou quatre personnes pour conduire ces inspections plus détaillées. Même si une préférence va pour les inspecteurs des ruchers, ceux-ci ont déjà une lourde charge de travail. De plus, aucun budget n’est encore attribué au Service vétérinaire pour mener à bien cette tâche, explique Anne Ceppi, vétérinaire cantonale et cheffe du Service de la consommation et des affaires vétérinaires. /lpo