La géothermie profonde passe un nouveau cap à Haute-Sorne. Les promoteurs et les autorités cantonales et communales ont réuni les médias jeudi à Bassecourt, avant la tenue d’une séance d’information publique en soirée, à 19h30 à la halle de gymnastique de Bassecourt. Quelques jours après la demande de plan spécial cantonal déposé le 15 janvier, les derniers développements du projet ont été détaillés.
Les risques réduits au minimum
Le dossier déposé pour le plan spécial détaille toutes les études menées en 2013, les plus poussées jamais réalisées en Suisse, d’après Peter Meier, directeur de Geo-Energie Suisse. En matière de sismicité, les seuils d’arrêt des travaux seront plus bas que ce qui s’est fait à Bâle, ce qui réduit largement les risques, explique le chef de projet Olivier Zingg. Les volumes d’eau injectés seront aussi beaucoup plus faibles. Des tests de stimulation permettront d’ajuster les paramètres. Un concept d’établissement des preuves a de plus été élaboré, qui fixe une échelle de référence pour d’éventuelles indemnisations en cas de secousse.
Reste que le sous-sol de Glovelier n’a pas encore livré tous ses secrets. Les promoteurs ignorent quelles températures ils trouveront en profondeur, ce qui sera déterminant pour la production d’électricité et de chaleur.
Pas ou peu de nuisances sonores
Les valeurs limites imposées par le canton en termes de bruit sont très strictes. Le promoteur se dotera des machines les plus récentes pour effectuer les travaux de forage afin de réduire les émissions sonores, qui ne devraient pas être élevées. C’est surtout pour le proche voisin, la ferme des Croisées, qu’une attention particulière va être portée sur le bruit. Une paroi anti-bruit va être installée durant ces travaux. Ensuite, durant l’exploitation, des aérorefroidisseurs de dernière génération seront utilisés pour un bruit minimum.
Un plus pour la commune
Pour le promoteur, les risques liés à ce projet pilote sont moindres, alors que les bénéfices sont très intéressants. Le maire de Haute-Sorne, Jean-Bernard Vallat, entend d’ailleurs bien profiter des avantages d’accueillir le projet sur le territoire communal. Les apports devraient se faire sentir dans plusieurs domaines : un thermoréseau devrait chauffer une partie de la commune, Haute-Sorne devrait aussi bénéficier d’un attrait supplémentaire, enfin elle touchera des redevances annuelles liées à la concession.
Mise en service vers 2020
Le ministre de l’environnement et de l’équipement Philippe Receveur a quant à lui livré le calendrier de la procédure. Le plan spécial cantonal devrait, si tout se passe bien, être adopté par les autorités entre décembre et février prochains. Basée sur la fiche du plan directeur cantonal, la procédure doit se dérouler en cinq phases : les études déjà achevées en 2013, l’examen préalable qui est en cours et qui pourrait mener à des modifications du projet, les informations et participations qui se concluront par un rapport destiné à une nouvelle mise au net du dossier, puis le dépôt public qui ouvrira la voie à d’éventuelles oppositions, et enfin l’adoption du plan spécial par le Gouvernement.
Sans opposition, le réseau de surveillance sismique pourrait être mis en place en 2015, pour un début des travaux de forage en 2016. La construction de la centrale suivrait à partir de 2018 pour une mise en service en 2020.
Un œil externe
Le groupe d’accompagnement poursuivra son travail. Composé de représentants du canton, de la commune et de quatre organisations (WWF, Pro Natura, Pro Helvetia et ATE), il a déjà visité des centrales près de Munich notamment. Son objectif est de se faire une idée concrète de ce à quoi ressemblera le projet et d’en informer les autorités et la population. /iqu