La diminution du nombre d’hirondelles pourrait être liée à l’utilisation d’insecticides dans l’agriculture. C’est en tout cas ce qu’a conclu une étude de chercheurs hollandais publiée la semaine dernière dans la revue Nature. Selon l’étude, le nombre d’oiseaux des champs baisse aux endroits où la concentration de néonicotinoïde est la plus élevée.
Ce type d’insecticides utilisés par les agriculteurs a des conséquences directes sur les insectes que mangent les oiseaux, comme les hirondelles, et perturbe donc la chaine alimentaire. On ne sait pas en revanche si c’est le fait de manger des insectes contaminés ou la diminution du nombre d’insectes qui a des conséquences sur les hirondelles.
Des doutes, mais pas de certitudes
Pour l’instant, il est difficile d’appliquer l'étude hollandaise à la Suisse, selon l’institut de recherche Agroscope. Le lien entre les néonicotinoïdes et la chaine alimentaire devrait être étudié spécifiquement pour notre pays pour pouvoir se prononcer.
S'il n’y a pas de certitude, la Confédération a tout de même pris des mesures de précaution. Trois néonicotinoïdes sont interdits encore cette année, dans l’attente d’une réévaluation en 2015. Leur utilisation n’est toutefois prohibée que pour les cultures qui fleurissent (maïs, colza ou tournesol). Par ailleurs, les néonicotinoïdes ne peuvent pas être utilisés sur les vignobles, les vergers hautes tiges et les arbres fruitiers avant la floraison.
Se passer des néonicotinoïdes?
Dans l’attente d’une étude suisse, le plus sage serait peut-être d’arrêter simplement d’utiliser ce genre de pesticides. La décision en revient à l’agriculteur selon Paul Monnerat, biologiste et enseignant au Lycée cantonal de Porrentruy : « passer à une agriculture biologique permet un très bon développement du sol et donc d'améliorer les rendements pour atteindre l'équivalent d'une production intensive aux pesticides. »
Paul Monnerat n'est également pas convaincu par le caractère sélectif de ces pesticides : « leur sélectivité est relative. Ils ont un impact sur plusieurs chaines alimentaires et donc sur l'ensemble de l'écosystème dans lequel nous vivons. » /jfa