Deux condamnations pour une dispute conjugale qui dégénère. Le juge Chappuis a rendu son verdict mardi après-midi dans l’affaire qui occupait le Tribunal de première instance de Porrentruy depuis le matin. La Cour devait se prononcer sur une violente dispute qui avait éclaté entre deux ex-conjoints il y a trois ans en Ajoie et qui avait aussi impliqué le père de la jeune femme. L’ex-ami a été reconnu coupable de menaces et écope de 30 jours-amendes à 20 francs. La jeune femme a été libérée des accusations de mise en danger de la vie d’autrui et lésions corporelles graves sur son ancien compagnon. Quant à son père, il a été condamné à 15 mois de prison avec sursis pendant deux ans pour ces mêmes chefs d’accusation.
Une affaire complexe
Le juge Chappuis a dû procéder par étapes pour rendre son verdict. Concernant les accusations qui pesaient sur l’ex-conjoint, le magistrat a retenu la thèse selon laquelle cet homme violent aurait proféré des menaces à l’encontre de son ancienne compagne et de ses enfants. Le juge a estimé les déclarations de la plaignante crédibles et son attitude le soir des faits cohérents avec ce qu’elle en a rapporté. C’est la conjonction d’éléments de preuve qui l’ont convaincu de la culpabilité du prévenu.
La peur ne justifie pas tout…
Crédible, le conjoint éconduit ne l’est par contre pas du tout aux yeux de Pascal Chappuis lorsqu’il affirme que son ex-compagne l’a retenu à bout de bras depuis son siège passager pour le traîner sur une vingtaine de mètres. Vu son gabarit, c’est difficilement imaginable et les témoignages le réfutent. Par ailleurs, la jeune femme a subi les événements, selon le magistrat. Elle ne pouvait rien faire, elle ne conduisait pas la voiture.
Au contraire de son père, le conducteur. Même si en s’accrochant au véhicule, l’ex-ami de sa fille a eu un comportement pour le moins imprévisible, le chauffeur avait conscience qu’il se tenait, il a voulu le faire lâcher, et c’est là que l’infraction commence, d’après le juge. Le plaignant aurait pu périr de bien des manières. Pire, lorsqu’il a fini par lâcher prise, le père au volant a poursuivi sa route sans s’arrêter ni s’inquiéter du sort de l’homme laissé gisant sur une route cantonale fréquentée. Il est vrai que ce père craignait pour sa sécurité et celle de sa fille, a admis le juge, mais il était facile d’éviter d’en arriver à cette extrémité, par exemple en appelant la police. L’accident a valu 2 ans d’arrêt de travail complet, ainsi que des séquelles à l’ex-conjoint. Des ennuis de santé antérieurs ne rendent pas le cas moins grave, selon le juge, qui en prononçant sa sanction envers le père, a rappelé qu’aussi bien la mise en danger de la vie d’autrui que les lésions corporelles graves sont considérées comme des crimes. /iqu