Ses premiers tours de piste, il les a faits vers l’âge de 8 ans, à Lyss, avec un petit kart acheté par son papa. Un amusement qui se transforme vite en entraînement. Six ans plus tard, Matt Corbi s’est hissé dans le gratin mondial du karting et roule depuis deux ans en championnat du monde FIA avec la crème de sa catégorie. Le jeune pilote de Bassecourt revient tout juste du Royaume-Uni où il a disputé deux courses de niveau mondial, dont la finale de la Coupe du monde après s’être extrait des qualifications avec quelques résultats prometteurs.
Portrait d'un jeune espoir du sport automobile suisse
« C’était vraiment une bonne expérience. On avait une très bonne vitesse qui nous permettait d’espérer un top 5 en finale parmi les 105 pilotes inscrits. Donc on repart très content et ça augure de bonnes choses pour l’année prochaine », confie Matt, malgré la déception d’une sortie de route au départ de la finale qui l’a empêché de poursuivre l’ultime manche. Dans une catégorie des plus de 14 ans qu’il a découvert il y a tout juste 3 mois, il se classe régulièrement dans le top 7, souvent avec la meilleure vitesse en piste. De quoi nourrir de solides ambitions pour la saison prochaine.
« Une place dans le top 5, voire une victoire l’année prochaine »
« Au vu des résultats en championnat du monde cette année, on peut prétendre à une place dans les cinq, pourquoi pas un podium voire une victoire », avance son papa David, ancien pilote de rallye. « J’ai encore une voire deux saisons à faire en kart. Le but serait ensuite d’aller en monoplace F4 puis gravir les échelons. Mais on ne va pas se cacher que la F1, c’est presque impossible. Mais il y d’autres possibilités, les voitures fermées, l’endurance, ou même hormis être pilote devenir Team manager ou dans l’encadrement », projette le jeune pilote de 14 ans. Des objectifs qui demandent de gros sacrifices, notamment pour sa famille qui sillonne l’Europe en camping-car pour ses courses et ses entraînements. Car la Suisse n’offre pas les structures adéquates ni la concurrence suffisante.
Déscolarisé pour suivre le rythme des déplacements
« On a un ou deux petits circuits en Suisse, mais qui ne sont pas homologués pour la course. Pour s’entraîner, vu le niveau de Matt, on ne peut plus aller rouler à deux ou trois heures de chez nous avec d’autres pilotes qui font du loisir, l’écart de niveau est trop important. Donc il faut aller s’entraîner avec les pilotes d’usine », explique le papa David Corbi, par ailleurs mécano de Matt. Ce qui implique d’être régulièrement aux quatre coins de l’Europe. Un rythme fou, incompatible avec le cursus scolaire normal. « Depuis deux ans, je fais l’école à la maison, car je manquais trop de cours et c’était impossible à rattraper. J’étais en sport-études où on tolère 10% d’absence, or avec les déplacements j’étais à 50-55%. Ce n’était plus possible de faire les deux en même temps », souffle Matt.
David Corbi : « Pour voir plus loin, c'est vital de décrocher des sponsors. »
Dans le monde du sport automobile financièrement exigeant, sa saison 2025 s’annonce déjà cruciale. Quasiment contraint de briller pour taper dans l’œil des sponsors. « On fait déjà de gros sacrifices, mais après les budgets décuplent. À ce niveau-là, 95% des familles payent un package avec mécano, course, etc., qu’on ne peut pas s’offrir. A moins d’être très aisés, il faut des sponsors pour pouvoir continuer à ce niveau-là... quand on est une famille normale », sourit David. Fier de sa famille normale, Matt compte bien démontrer qu’il peut en revanche être un pilote spécial. /jpi