Procès Swatch : les prévenus maintiennent leur version

Le procès en appel pour gestion déloyale aggravée chez Swatch s'est ouvert ce lundi devant ...
Procès Swatch : les prévenus maintiennent leur version

Le procès en appel pour gestion déloyale aggravée chez Swatch s'est ouvert ce lundi devant la Cour pénale, au château de Neuchâtel, par l'audition de deux des trois prévenus.

L'entreprise Tissot au Locle (photo : archives). L'entreprise Tissot au Locle (photo : archives).

L'ex-cadre de Swatch Group et l'homme d’affaires français ont maintenu lundi leur version dans le cadre du procès en appel devant la Cour pénale neuchâteloise. En première instance, les prévenus avaient été acquittés de gestion déloyale aggravée. La corruption était prescrite. La défense a voulu faire renvoyer ce procès. Le 3e prévenu sera auditionné mardi, le 4e est décédé à fin 2021. Le principal accusé, établi actuellement au Vietnam, avait connu les autres prévenus quand il travaillait pour Comadur, filiale du Swatch Group, à Hong Kong.

Quand Comadur a fermé son antenne, le Français né au Cambodge a mis sur pied plusieurs sociétés à Hong Kong et en Chine. Comme en première instance, il a expliqué avoir versé de l'argent aux autres coaccusés pour l'aider à "se faire connaître" et à "ouvrir la porte" afin de s'introduire dans les marques du groupe horloger biennois.

"J'ai versé de l'argent car je voulais partager mon bénéfice. C'était une sorte de reconnaissance", même si les prévenus n'étaient ni actionnaires, ni investisseurs de la société, a expliqué le quinquagénaire, qui avait une relation amicale avec l'ex-responsable des achats de Tissot.


Versements de 15 millions

Ces versements dépassaient les 15 millions de francs. Ils s'élevaient à 13,2 millions pour une période allant de 2008 à 2014 pour l'ex-responsable des achats pour Tissot, à 800'000 francs pour l'ex-employé de CK Watch et à plus d'un million pour l'ex-responsable qualité de Tissot, qui est décédé.

L'ex-responsable des achats de Tissot a confirmé lundi les déclarations faites devant le Tribunal criminel des Montagnes et du Val-de-Ruz en 2022. Il a reconnu avoir reçu de l'argent mais a assuré que son employeur n’avait pas subi de préjudice en lien avec ces versements.

Swatch Group estime le dommage qu’il a subi à 60 millions de francs pour Tissot et à 500'000 francs pour CK Watch. Le groupe biennois avait expliqué en première instance qu'un véritable montage entre les prévenus avait été mis en place et que les commandes avaient été manipulées au détriment de Comadur. La partie plaignante a ajouté que les coaccusés ont fait croire qu'il y avait quatre fournisseurs distincts et concurrents alors qu'il n'y en avait qu'un seul.

"Mes prix étaient concurrentiels", a redit l'homme d'affaires français. L'ex-responsable des achats de Tissot a ajouté que pour choisir un sous-traitant, il y avait aussi des critères de réactivité, de qualité, de capacité de production et de respect des employés et des conditions de travail. "Je n'avais aucune influence sur le choix du fournisseur qui dépendait du département marketing", a-t-il précisé.


Pas de renvoi du procès

Les avocats des prévenus avaient demandé le matin de renvoyer le procès en première instance pour violation de droits de tiers touchés. "Les droits de mes clients n'ont pas pu être protégés", a expliqué Géraldine Veya, avocate de la femme et des enfants de l'ex-responsable des achats chez Tissot.

"Ils n'ont pas été tenus au courant de la procédure et n'ont pas eu le droit de former un appel joint", a-t-elle précisé. Si ce jugement ne les lie pas, le séquestre sur les biens doit être levé, a-t-elle ajouté. La Cour pénale n'a pas voulu renvoyer le procès.

La femme du prévenu sexagénaire - dont elle est séparée - a été auditionnée. Elle a déclaré que le compte qui avait été séquestré provenait uniquement de son activité équestre et de la vente de deux chevaux pour 300'000 francs. Elle a expliqué que la transaction s'était faite en cash.

La cour a accepté la disjonction de la procédure pour la veuve de l'ex-responsable qualité de Tissot. Son avocat Jean-Daniel Kramer a demandé de mettre un terme à la procédure pour sa cliente car actuellement les fonds sont bloqués par le séquestre. Tissot a envoyé une poursuite pour "60 millions de francs à ma cliente".

Le procès se poursuit mardi avec l'audition du 3e prévenu, le réquisitoire du Ministère public et la plaidoirie de la partie plaignante. /ATS


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