Des chercheurs de l’EPFL, de l'Université de Genève et de l’Université Stanford ont analysé les indications consignées par 200'000 utilisatrices d'applications de fertilité. Une méthode qui permet des observations précises à l’échelle de la population.
Lorsqu’il s’agit d’analyser les changements qui touchent la fécondité, la santé menstruelle et la qualité de vie, on a généralement recours aux souvenirs des patientes. Cela peut engendrer de considérables imprécisions dans l’évaluation, a indiqué mardi l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) dans un communiqué.
Or de nombreuses femmes utilisent désormais des applications de sensibilisation à la fertilité qui les aident à comprendre leur cycle menstruel. Laura Symul, du Laboratoire d'épidémiologie numérique de l’EPFL, en collaboration avec l’Université Stanford (USA) qu'elle a désormais rejointe, a mené une étude à large échelle portant sur 200'000 utilisatrices de deux de ces applications.
Ces femmes y ont recours dans le cadre de la méthode dite symptothermique. L'application facilite l’identification des phases fertiles et infertiles au cours du cycle menstruel en tenant compte de paramètres tels que les fluides cervicaux, la température corporelle au réveil ainsi que d’autres signes biologiques.
Les scientifiques ont pris en compte plus de 30 millions de jours d’observations pour plus de 2,7 millions de cycles menstruels. L’étude poursuivait deux objectifs: d'une part déterminer ce que les utilisatrices suivent volontairement et comment elles le font, de l'autre établir si les données enregistrées permettent de détecter et d’estimer précisément le moment de l’ovulation.
Phase folliculaire plus longue
L’étude a montré que l’utilisatrice-type des applications est âgée d’une trentaine d’années, vit dans un pays occidental et présente un indice de masse corporelle sain. À l’échelle de la population, les signes corporels de fertilité signalés par les femmes révèlent des schémas temporels très proches de ceux qui ont été trouvés par des études cliniques à petite échelle.
En analysant les données, les chercheurs ont constaté que les femmes qui cherchaient à tomber enceintes consignaient leurs mesures chaque jour pendant une période couvrant jusqu’à 40% de leurs cycles menstruels.
Après modélisation des données, ils ont mis en évidence que la durée et la plage moyennes de la phase folliculaire, qui marque le début du cycle menstruel et se termine à l’ovulation, étaient plus importantes que ce qu’on pensait jusqu’à présent. Le modèle a montré que seules 24% des ovulations ont lieu le quatorzième ou le quinzième jour du cycle.
Une base commune
Par ailleurs, les données ont révélé que la durée et la plage de la phase lutéale (la deuxième partie du cycle menstruel) correspondaient en grande partie aux résultats des études antérieures. Selon les auteurs, cette méthode constitue un moyen abordable d’étudier à large échelle les interactions entre le cycle menstruel et d’autres systèmes physiologiques.
Elle fournit aussi une base commune aux utilisatrices et à leurs médecins pour intégrer les données numériques à leurs visites, évaluer leurs cycles menstruels et les comparer avec les statistiques ainsi mises en évidence. Ces travaux sont publiés dans la revue Nature Digital Medicine.
/ATS