Les agriculteurs jurassiens avaient rendez-vous à Lajoux ce vendredi. C’est dans la commune taignonne que s’est tenue l’assemblée générale d’AgriJura. Cette séance a notamment vu Nicolas Pape être réélu pour quatre nouvelles années en tant que président d’AgriJura. Elle a aussi permis de faire le point sur l’année 2021 et d’évoquer, surtout, les perspectives pour la branche.
Un bilan 2021 mitigé
Le président d’AgriJura Nicolas Pape a commencé par dresser le bilan agricole de l’an dernier dans notre région. Le marché de la viande bovine s’est bien tenu, mais les autres domaines ont davantage tiré la langue. Les prix ont été dérisoires sur le marché du porc, d’après Nicolas Pape. Ce dernier estime, par ailleurs, que les prix du lait restent trop bas malgré une embellie, alors que la météo défavorable a pesé sur le marché des céréales. De son côté, le directeur d’AgriJura François Monin a noté que seuls huit exploitations ont disparu l’an dernier dans le Jura, soit le taux de cessation d’activités le plus faible de Suisse. 909 exploitations agricoles ont été recensées l'an dernier pour près de 1'500 emplois à plein temps.
De gros défis à l’horizon
Nicolas Pape a aussi souligné les défis qui attendent les agriculteurs de notre région cette année. Parmi eux, bien sûr, le retour du loup dans le Jura. D’après le président d’AgriJura, il faudra exercer une pression politique conséquente, afin que les dégâts soient indemnisés au mieux. Thomas Stettler, agriculteur à Courroux, a tonné que la meilleure des mesures était « d’acheter des cartouches ».
Deuxième grande préoccupation des agriculteurs jurassiens, c’est l’initiative contre l’élevage de masse. Ce texte a été qualifié par Michel Darbellay de « nouveau sujet qui va extrêmement loin et menace l’élevage en Suisse en jouant sur l’émotion ». Le membre de la direction de l’Union suisse des paysans a déclaré que la production de volaille pourrait disparaître en Suisse si l’initiative était acceptée, par exemple. Le peuple devrait se prononcer en septembre.
Le conflit en Ukraine dans le collimateur
Le troisième motif principal d’inquiétude, c’est la guerre en Ukraine. Le ministre Jacques Gerber s’est posé la question de l’impact de cette nouvelle crise sur l’agriculture. Michel Darbellay a partagé ses préoccupations en évoquant « une grande inconnue ». Sur le terrain jurassien, certaines retombées se font déjà concrètement ressentir, selon Nicolas Pape. Elles concernent actuellement les énergies utilisées pour certains produits agricoles, comme le gaz. Et puis, compte tenu de l’augmentation du prix du diesel, les frais consentis pour le fonctionnement des machines sont également en hausse, d’après le président d’AgriJura. Enfin, alors que la Russie et l’Ukraine figurent parmi les plus gros exportateurs européens de blé, l’insécurité demeure quant à l’approvisionnement de cette céréale, même si la Suisse produit elle-même beaucoup de blé.
Nicolas Pape : « Pour l’instant, les retombées calculables, c’est sur l’énergie »
Des autorités rassurantes
Les autorités jurassiennes étaient également de la partie. La présidente du Parlement jurassien Brigitte Favre a concédé que « tout n’est pas rose ». Elle a toutefois tenu à assurer aux agriculteurs le soutien important que leur apporte le législatif cantonal. Le ministre jurassien de l’économie Jacques Gerber a, quant à lui, salué le développement des produits en vente directe pendant la pandémie. Il s’est également montré conscient des défis qui attendent les agriculteurs avec des adaptations récurrentes, notamment en lien avec la protection de la nature. Jacques Gerber a assuré que le Gouvernement cantonal veut défendre à tout prix l’intérêt des agriculteurs de notre région. /mle