Le plan d’économie du Conseil fédéral suscite la grogne du monde paysan. Les comptes 2022 de la Confédération ont bouclé sur un déficit de 4,3 milliards de francs. Dans la foulée, le Gouvernement a annoncé mercredi des coupes pour les années à venir. Il prévoit notamment de faire des économies de 2% sur les dépenses de l’agriculture, soit 70 à 75 millions de francs. L’Union suisse des paysans a réagi avec véhémence dans un communiqué. Elle estime que ces coupes seront réalisées sur le dos des familles paysannes. La faîtière de l'agriculture suisse avance que les dépenses dans la branche sont stables depuis 20 ans et que leur part n’a cessé de diminuer pour s’établir à 4% des dépenses de la Confédération. Elle affirme que les exigences et les contraintes imposées aux familles paysannes ont, par ailleurs, fortement augmenté ces dernières années, pour aboutir à une situation économique insatisfaisante dans le domaine primaire, où les revenus sont beaucoup plus bas que dans des secteurs comparables.
Côté jurassien, on se range également derrière ces arguments : « On est très surpris et déçu. Ces coupes nous paraissaient inéquitables. Pour le Jura, cela représente un manque à gagner qui se chiffre aux alentours de 2,5 millions de paiements directs, près de 3 millions si on compte les autres mesures de promotion de l’agriculture », explique le directeur d’AgriJura, François Monin.
François Monin : « On a l’impression de devoir faire toujours plus avec toujours moins »
Ces coupes fédérales viennent s’ajouter à celles proposées par l’État jurassien dans son Plan équilibre 22-26 et sont susceptibles de fragiliser encore davantage le secteur primaire : « C’est difficile de vivre de l’activité primaire. On a l’impression de devoir en faire toujours plus avec toujours moins. On a besoin de ce soutien. Il y a des demandes de la population envers l’agriculture afin d’atteindre certains objectifs et d’offrir des prestations, notamment en termes de durabilité. Cela a des surcoûts pour les agriculteurs, pour les producteurs jurassiens notamment, et si on ne se donne pas les moyens d’atteindre ces objectifs, tout le monde sera perdant, l’agriculteur dans son revenu, tout comme le consommateur. On voit que dans d’autres domaines, lorsqu’il y a des objectifs supplémentaires, comme dans l’armée, les transports ou la formation, on déploie un budget supplémentaire, alors qu’on fait toujours avec le même budget dans l’agriculture », poursuit François Monin. /comm-emu