L’Office jurassien de l’environnement et le Parc naturel régional du Doubs ont présenté mercredi la mise en œuvre du Plan spécial cantonal « Périmètre réservé aux eaux ». Plus de 3'000 arbres et arbustes ont été plantés sur cinq sites le long de 2 km de rives
Séverin Guenot (à g.) pose avec les plants plantés sur son exploitation de la Charbonnière, aux côtés de Laure Chaignat, collaboratrice scientifique à l’Office de l’environnement, Bettina Erne, assistante de projets Nature au Parc du Doubs et du directeur du Parc du Doubs Régis Borruat (de g. à dr.)
Les berges du Doubs sont encore un peu plus vertes. L’Office jurassien de l’environnement et le Parc naturel régional du Doubs ont présenté mercredi le résultat de leur collaboration pour mettre en œuvre le Plan spécial cantonal « Périmètre réservé aux eaux » dans les zones agricoles riveraines de la rivière. Ce PRE découle de la révision de législation fédérale sur la protection des eaux. Il instaure une zone dans laquelle l’exploitation agricole est règlementée, en définissant une zone tampon de protection de 15 m sur les berges des cours d’eau. L’exploitation agricole ne peut y être qu’extensive, soit sans engrais, sans produits phytosanitaires et sans labour, et où les nouvelles constructions sont généralement interdites.
Un accent particulier a été mis sur les bords du Doubs où une quarantaine d’exploitants sont concernés par la mise en place de surface de promotion de la biodiversité. « L’objectif est d’inciter les agriculteurs à mettre en place les surfaces les plus favorables à la biodiversité. La Confédération a prévu une enveloppe supplémentaire pour les paiements directs. Cela dépend d’une exploitation à l'autre. Certains ont choisi de mettre en place des prairies riveraines, d’autres des berges boisées. Le but était de trouver une solution bonne pour l’environnement et acceptable, voire intéressante pour l’agriculteur. On est très satisfait, c’est une démarche positive qui va embellir le paysage et favoriser la biodiversité », confie Laure Chaignat, collaboratrice scientifique à l’Office de l’environnement.
Laure Chaignat « C’est une action qui va porter ses fruits à court, moyen et long terme »
Les conseils ont été donnés par le Parc naturel régional du Doubs, mandaté par le canton, qui a notamment accompagné quatre agriculteurs qui ont consenti à améliorer la qualité écologique des berges boisées le long du cours d’eau. Il s’agit de l’une des mesures les plus intéressantes du point de vue de la biodiversité. Par son effet corridor, la ripisylve est favorable pour la faune et la flore. Elle joue aussi un rôle dans la protection contre les crues et la qualité de l’eau.
Plus de 3'000 arbres et arbustes ont ainsi été plantés l’automne dernier sur cinq sites différents (Ocourt, le Pont de Ravines, Tariche, La Charbonnières et les Iles de la Verrerie entre Goumois et le Moulin Jeannottat) sur plus de 2 km, en partenariat avec des sociétés locales de pêche et de chasse, ainsi que des bénévoles. « On a 13 espèces différentes d’arbustes et 5 espèces de grands arbres qui ont été choisies. Près de 60% sont des épineux. L’idée est d’obtenir plus de diversité en amenant d’autres espèces, mais aussi des espèces qui apportent de petits fruits ou des fleurs qui sont intéressants pour les insectes ou les oiseaux », explique Bettina Erne, assistante de projets Nature au Parc du Doubs.
Bettina Erne : « Près de 3'000 plants ont été plantés sur 2 km de berges boisées »
Exploitant bio depuis deux ans du domaine de La Charbonnière à Épauvillers, Séverin Guenot a choisi l’option de la berge boisée, avec des paiements directs qui compenseront la perte de production. « Le reboisement était plus facile par rapport au contexte de la parcelle et cette mesure est aussi propice pour les bords du Doubs. Cela n’a pas beaucoup d’incidence ni de pertes pour mon exploitation, car je n’osais de toute façon pas mettre d’engrais sur cette parcelle ».
Séverin Guenot : « La perte de production sera compensée par les paiements directs »
Les plantations effectuées répondent aussi aux objectifs du Plan d’action national en faveur du Doubs. Le coût du projet s’élève à 62'000 francs, financés en grande partie par des subventions fédérales et différentes fondations. /comm-emu