Se rendre en Israël pour y arrêter des escrocs, c’est plutôt rare et ce qu’a vécu Steven Bill, chef de la brigade des cyberenquêtes de la Police neuchâteloise dans le cadre d’une opération de démantèlement d’un important réseau de malfaiteurs. Son récit de voyage.
Joli coup de filet des Polices cantonales neuchâteloises et vaudoises. En collaboration avec les forces de l’ordre françaises, elles ont démantelé début mai un réseau d’escrocs franco-israéliens actifs en Israël. Depuis 2022, plusieurs entreprises de la région ont été victimes de l’arnaque dite « Au Président ». Les préjudices sont importants, il est question de plus de six millions d’euros pour les sociétés neuchâteloises touchées et de 17 millions au total. Trente cas ont été répertoriés - y compris les tentatives - sur le territoire cantonal. Mais les malfaiteurs ont également agi ailleurs en Suisse romande ainsi qu’en France, relatait un communiqué de presse diffusé la semaine passée par les Polices neuchâteloises et vaudoises.
« C’est un travail de longue haleine qui implique beaucoup de monde. Il faut un bon alignement de planètes pour y arriver, mais il n’aurait pas fallu grand-chose pour faire dérailler le processus. Il faut un peu de chance aussi », explique Steven Bill, chef de la brigade des cyberenquêtes de la police neuchâteloise qui s’est rendu en Israël avec un collègue vaudois et des confrères français.
« Que des Suisses puissent aller faire des actes d’enquête en Israël, il faut l’admettre, ce n’est pas fréquent. »
Le 5 mai dernier, sept personnes ont été interpellées, 250'000 euros et de l’or ont également été saisis sur place. Des escrocs « extrêmement habiles et professionnels », précise Steven Bill. Sur place lors de l’opération, il est resté en retrait comme c’est le cas habituellement dans ce genre de collaboration internationale. « Quand les policiers suisses se déplacent à l’étranger, ils fonctionnent surtout comme observateurs. C’est la police du pays qui intervient », ajoute-t-il.
« On a assisté aux différentes perquisitions et auditions des personnes interpellées sur place. »
Reste que cette opération spéciale l’est à plus d’un titre. « On est dans un pays en guerre, qui est traumatisé par les attentats du 7 octobre. Le lendemain de notre arrivée, on a dû se réfugier dans un bunker à la suite d’une alarme pour une arrivée de missile. Le missile est tombé près de l’aéroport et suite à cela, les vols de retour ont été annulés. On a donc dû trouver des solutions pour ne pas être bloqués sur place. On sent une ambiance particulière liée à la situation, mais en même temps, le pays vit presque normalement au quotidien », décrit le policier neuchâtelois.
« Les policiers israéliens ont été extrêmement professionnels et sympathiques. »
Désormais, ce sont les autorités de poursuites pénales suisses et françaises qui se coordonneront pour décider où ces personnes seront jugées. « Mais on espère bien qu’elles soient judiciarisées. Le but de ces actes d’enquête, c’est aussi de mettre une pression sur ce groupe d’auteurs pour qu’il cesse ses activités criminelles », conclut Steven Bill. /jpp