Le beurre suisse… et l’argent du beurre suisse

En cette période de préparation de biscuits de Noël, les stocks de beurre suisse ne suffisent ...
Le beurre suisse… et l’argent du beurre suisse

En cette période de préparation de biscuits de Noël, les stocks de beurre suisse ne suffisent pas à satisfaire la forte demande. Deux mille tonnes sont en cours d’importation depuis le mois dernier

Quelque 2'000 tonnes de beurre sont en cours d'importation en Suisse depuis le mois dernier (photo : libre de droits). Quelque 2'000 tonnes de beurre sont en cours d'importation en Suisse depuis le mois dernier (photo : libre de droits).

Le beurre de vos biscuits de Noël provient peut-être de l’étranger cette année. Pour la troisième fois depuis ce printemps, la Suisse a autorisé une importation supplémentaire. Les 2'000 tonnes réclamées par l’Interprofession du lait en octobre sont déjà en bonne partie arrivées sur les étals. Selon l’IP lait, c’est cette semaine et la semaine prochaine que la demande atteint son pic, avec la fabrication des traditionnels biscuits dans les ménages.


Coronavirus et désintérêt des agriculteurs

Nous avons cherché à comprendre les causes de cette pénurie de beurre suisse. IP Lait, la plateforme de l’économie laitière – qui réunit des producteurs et des transformateurs –, attribue cette pénurie à la crise du Covid. Les ménages consomment davantage de beurre depuis le semi-confinement du printemps, et le tourisme d’achat, par lequel les particuliers se fournissent eux-mêmes à l’étranger, est restreint.

Du côté d’AgriJura, le nouveau directeur François Monin admet ces arguments ; mais il ajoute que si la production laitière indigène, et donc les stocks, avaient été supérieurs au début de cette année 2020, les importations auraient pu être évitées ou limitées.

Car cette dernière décennie, nombreux sont les agriculteurs suisses qui ont abandonné la production de lait. Ils sont moins de 20'000 aujourd’hui dans le pays. Dans le Jura, plus d’un tiers des exploitations laitières ont disparu depuis 2008 et la fin des contingentements. Ce désintérêt est lié au prix payé par les transformateurs, un prix que beaucoup considèrent comme trop bas pour que le rendement en vaille la peine. « On aurait pu, avec un supplément au prix du lait, permettre peut-être à certaines exploitations de survivre et de rester dans la production laitière », explique François Monin.


Pour refaire du stock, il faut du temps

Le syndicat Uniterre, lui, relevait dans un communiqué en novembre qu’avec cette pénurie, le prix du lait payé au producteur aurait dû « fortement augmenter », mais il n’a constaté aucune amélioration notoire, ce qu’il juge scandaleux. Il appelle les agriculteurs à se tourner vers les laiteries locales pour fabriquer et commercialiser le beurre à l’échelle régionale ; il enjoint les consommateurs à demander du beurre suisse dans les commerces locaux.

Toujours est-il que même si exploiter des vaches laitières devenait soudain plus intéressant financièrement, il faudrait un certain temps pour reconstituer des stocks indigènes. François Monin est catégorique : « On ne change pas une production du jour au lendemain, il faut élever un veau, une génisse, attendre qu’elle arrive à maturité avant de pouvoir donner naissance à un veau et produire du lait. Et ça, ça prend au minimum deux ans et demi. » /lad 


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