Cette fois, c’est un projet 100% jurassien et plus modeste qui veut revaloriser l’ancienne décharge de Bonfol. Après l’abandon du projet de l’architecte Mario Botta, faute de financement suffisant, les citoyens de Bonfol ont la possibilité ce soir de donner une chance à un plan B. Le projet de l’entrepreneur local Gauthier Corbat, de l’architecte Sylvain Dubail et de l’artiste Augustin Rebetez sera soumis ce mercredi à l’approbation de l’assemblée communale du village, condition fixée par la Chimie bâloise pour accorder un délai supplémentaire et permettre au projet de grandir.
Présentation du projet avec Gauthier Corbat, Sylvain Dubail et Augustin Rebetez
« Le but est de transcender le mur »
Le défi, à l’instar du projet Botta, est d’intégrer l’édifice dans le paysage. Une manière symbolique de montrer que l’Homme a su se remettre en question en s’appuyant sur un mur qui symbolise une certaine horreur environnementale. « Une horreur oui et non, car c’est aussi un élément monumental. A partir de cette colonne vertébrale, on vient créer un nouvel objet qui deviendra comme un écran puisqu’une fresque se dessinera en toiture avec les tuiles de verres. Le but est de transcender le mur. On peut le voir comme une horreur, mais aussi comme un potentiel artistique », souligne l’architecte Sylvain Dubail. Le projet jurassien entend justement accorder une place importante à l’art. Diverses idées sont nées dans l’esprit d’Augustin Rebetez, de la fresque sur le toit à un vitrail sur un pan de mur, ou encore un bassin érigé en œuvre d’art dans un style à la fois naturel et contemporain. L’artiste jurassien ne parle pas d’un musée, mais d’une expérience pour les visiteurs.
Un projet estimé à 2,6 millions de francs
« Ce qui sera intéressant pour eux, c’est de visiter cet endroit sans trop savoir ce que l’on va voir, mais y découvrir plein de choses belles, poétiques, radicales… C’est un long mur horizontal, l’idée est aussi de créer une verticalité là au milieu, d’ouvrir les esprits, d'amener de la poésie et de la beauté. On a envie d’y mettre de l’art, d’amener quelque chose de culturel », confie Augustin Rebetez. Le centre de l’ouvrage serait, lui, ouvert en une grande place de rencontres, d’échanges, de pique-nique au beau milieu d’un site reboisé d’essences locales. D'autres voix se sont élevées dernièrement pour rendre le site à la nature après l'échec du précédent projet.
Yannis Cuenot : « Montrer ce pouvoir de résilience »
« On a l'occasion de faire mémoire de quelque chose pour que l'avenir ne ressemble pas au passé. C'est pour moi une évidence que ce mur doit rester, pour que les générations futures soient confrontées aussi au message que ce mur peut leur laisser. Si on le rend à la nature, je vous défie que dans une génération on se souvienne qu'il y ait eu quelque chose là. Si on le laisse, on va montrer tout ce pouvoir de résilience que nous avons eu dans cette région », rétorque Yannis Cuenot, coprésident de la fondation Mémoire Art et Forêt-Bonfol. Le projet est soutenu par l’autorité communale mais devra d’abord être approuvé par les citoyens puis confronté au plan d’aménagement local. La fondation Mémoire, Art et Forêt-Bonfol tentera ensuite de lever le financement de 2,6 millions de francs, ce qui reste moitié moins que ce qui était recherché pour le projet Botta. /jpi