Des représentants des mouvements de lutte antiséparatistes, de l'UDC et du PLR ont attaqué vendredi le Concordat régissant le transfert de Moutier dans le Jura. Tous refusent de le soutenir sans garanties supplémentaires
Plusieurs représentants de mouvements et de partis ont exprimé leurs doutes voire leur opposition face au Concordat régissant le transfert de Moutier dans le canton du Jura. De gauche à droite : Patrick Roethlisberger (La Couronne Unie), Jean-Pierre Graber (Force démocratique), Virginie Heyer (PLR JB) et Etienne Klopfenstein (UDC JB).
À peine signé vendredi matin par les gouvernements bernois et jurassien, le Concordat qui régit le transfert de Moutier dans le Jura est déjà contesté. Les mouvements de lutte antiséparatistes et certains représentants de partis (UDC et PLR en tête) ont fait part de leur scepticisme voire de leur opposition au document. Pour beaucoup, les autorités jurassiennes doivent en faire davantage pour prouver que la Question jurassienne est bel et bien terminée. C’est le cas du député UDC au Grand Conseil bernois Étienne Klopfenstein, lassé des appels à poursuivre la lutte relayés par le Mouvement autonomiste jurassien (MAJ) et certains élus du canton. « J’attends du Gouvernement jurassien qu’il contacte ces mouvements, qu’il les calme un peu et leur dise de cesser ces déclarations s’ils veulent obtenir la paix dans la région », clame-t-il.
Également présent à la conférence de presse organisée vendredi à Moutier, le conseiller national Manfred Bühler va encore plus loin. Selon lui, les autorités jurassiennes pourraient tout bonnement demander la dissolution du MAJ. « Son but est manifestement contraire à la Constitution fédérale, selon laquelle la Confédération protège l’existence et le statut des cantons, ainsi que leur territoire », argumente-t-il. Et d’assurer qu’en l’état, il ne soutiendra aucun transfert vers le canton du Jura.
Étienne Klopfenstein : « On aimerait connaître davantage la teneur du concordat »
Étienne Klopfenstein et Virginie Heyer s'exprimaient en tant que députés au Grand Conseil. Tous deux se gardent de désavouer le travail effectué par le conseiller d'Etat Pierre Alain Schnegg. « C’est un exécutant, qui a dû faire des compromis. Notre rôle est différent », ont-ils nuancé. Les deux politiciens différencient également leur approbation du Concordat dans le cadre de leur mandat au Conseil du Jura bernois. « Ce oui ne concernait que les aspects techniques du document, pas sa portée politique », explique Virginie Heyer.
« Fin du réflexe interjurassien »
Du côté des mouvements de lutte, tant Moutier-Résiste que La Couronne Unie - représentée par l'ancien conseiller de ville prévôtois Patrick Roethlisberger, désormais établi à Eschert - et le Groupe sanglier ont porté leurs doutes sur l'avenir des écoliers de la Couronne prévôtoise. Tous ont défendu une scolarisation bernoise pour ces élèves susceptibles d'intégrer l'école secondaire de Moutier devenue jurassienne. Pour le reste, le Sanglier a prôné « la fin du réflexe interjurassien, la fin des collaborations inutiles, la fin des déclarations de guéguerre envers le Jura bernois. Nous voulons une normalisation des relations entre Berne et le Jura, ni plus ni moins », a insisté son porte-parole Roland Flückiger.
Seul Prévôtois à avoir pris la parole, Ronald Lerch, de Moutier-Résiste, s'en est pris au Gouvernement bernois, qui aurait manqué de fermeté dans les négociations et qui chercherait par ce concordat à évacuer le problème plutôt qu'à y mettre fin. Ronald Lerch s'est également montré revendicateur envers les autorités jurassiennes, invitées à intégrer dans la Constitution cantonale le renoncement total et définitif à toute modification de territoire.
Ronald Lerch : « Je veux que le canton du Jura admette clairement la fin de la Question jurassienne »
Ronald Lerch estime que l'opposition des mouvements de lutte antiséparatistes et de certains élus pourrait influencer le Grand Conseil bernois, invité à voter le concordat en mars prochain - simultanément au Parlement jurassien. Un avis qui n'est pas partagé par Jean-Pierre Graber, au nom de Force démocratique, selon lequel l'issue de ces prochaines votations ne fait pas l'ombre d'un doute. « Le but de FD n'est pas de retarder la procédure de transfert, laquelle découle d'un processus établi et irréfutable, mais bien d’exercer une pression sur les autorités politiques. Celles-ci doivent prendre en considération nos revendications, notamment celles qui concernent les élèves de la Couronne », a-t-il affirmé. Si tel devait être le cas, Force démocratique se dit ouverte à l’acception du concordat. /oza