Claude Gigandet a milité durant plusieurs décennies en faveur de la cause jurassienne à Moutier qui a été l’épicentre de la Question jurassienne
Claude Gigandet a milité pendant plusieurs années pour la cause jurassienne à Moutier.
C’est à Moutier que le cœur du Jura a souvent battu – et bat encore – le plus fort. Les tensions autour de la Question jurassienne se sont cristallisées dans la cité prévôtoise à partir des années 70. Claude Gigandet a milité pendant plusieurs décennies pour la cause jurassienne à Moutier. Le Prévôtois raconte ses souvenirs dans la chronique « Notre passé nous montre le chemin » sur les 50 ans du vote du 23 juin 1974 qui a mené à la création du canton du Jura. Claude Gigandet indique que le climat était calme à Moutier avant le premier plébiscite. La ville de Moutier avait alors voté contre la constitution d’un canton du Jura avec seulement… 70 voix d’écart, alors que 124 bulletins blancs et nuls avaient été recensés. Claude Gigandet pointe la responsabilité du Mouvement pour l’unité du Jura, appelé la « Troisième Force », qui avait appelé à voter blanc, notamment pour éviter l’éclatement du Jura historique. Il souligne également le rôle joué par les caisses noires bernoises, soit des versements illégaux d’argent public de la part des autorités bernoises aux organisations anti-séparatistes.
« Il suffisait que les gens de la Troisième Force assument leur position, vu qu’ils étaient quasiment tous Jurassiens »
La ville de Moutier s’est retrouvée au centre des attentions dans la période qui a suivi le 23 juin 1974. La perspective des sous-plébiscites du 16 mars 1975 puis du 7 septembre de la même année a exacerbé les tensions dans le Jura Sud et en particulier dans la cité prévôtoise. La violence a alors brusquement fait irruption dans la Question jurassienne et Moutier a vécu plusieurs émeutes entre grenadiers bernois et militants autonomistes. Claude Gigandet a été le premier président de « Jeunesse-Sud », un mouvement créé le 31 janvier 1975 pour fédérer les jeunes du Sud autour de la cause jurassienne. Il raconte ainsi une violente charge des grenadiers bernois le 24 avril 1975 lors d’une manifestation organisée par Jeunesse-Sud à Moutier et qui avait été interdite par le préfet et le maire de Moutier.
« J’ai vu, devant mes yeux, un grenadier qui tapait sur une dame avec son gamin qui hurlait »
Son engagement pour le Jura, Claude Gigandet l’a aussi vécu au niveau des institutions politiques à Moutier. Il a été élu au Conseil de ville sous l’étiquette du PSA et a été le premier président autonomiste du législatif prévôtois en 1983. La majorité au Conseil de ville avait alors basculé en faveur des partisans du Jura lors des élections de 1982 pour un tout petit siège. Quatre ans plus tard, en 1986, Moutier élisait son premier maire autonomiste en la personne de Jean-Rémy Chalverat. La cité prévôtoise a finalement choisi de rejoindre le Jura lors des votes du 18 juin 2017 puis du 28 mars 2021. Claude Gigandet – qui vit aujourd’hui à Belprahon - raconte que les séances du Conseil de Moutier se terminaient parfois à 3 heures du matin dans la période post-plébiscitaire, tant la tension était forte entre les élus autonomistes et pro-bernois.
« On était 21 contre 20 et j’ai dû voter pour moi, sinon on était pomme avec le bour »
La prochaine chronique « Notre passé nous montre le chemin » donnera la parole à Mathilde Jolidon. /fco
