Une large majorité des partis jurassiens, excepté la droite, a appelé ce vendredi à une approbation massive du Concordat sur le transfert de Moutier par le peuple le 22 septembre. Elle a tenté de rassurer sur les incidences financières et s’avance avec confiance vers la fin d’un trop long processus.
La grande majorité des partis jurassiens ont appelé ce vendredi à un « oui » massif le 22 septembre sur le Concordat qui régit le transfert de Moutier. CS-POP, Verts, PS, PCSI, Le Centre, les Verts-Libéraux et le PEV se sont alliés pour appeler les Jurassiens à entériner le choix démocratique des Prévôtois de rejoindre le Jura.
Philippe Bassin : « Voter oui est un geste vers l'apaisement. »
« Pour les Prévôtois, cela a vraiment été très long, et après deux votes il s’agit d’enfin réparer une erreur de l’Histoire, de valider et de respecter un long et difficile processus. Voter oui est aussi un geste d’apaisement après des années de lutte et de rancœurs qui ont parfois divisé des familles », témoigne le député des Verts, Philippe Bassin, qui a grandi à Saules dans le Jura bernois.
« Pas une dépense, mais un investissement »
« Il s’agit de nous montrer dignes de l’Histoire d’une population trop longtemps malmenée », a renchéri le président du PSJ Raphaël Ciocchi. Si la classe politique jurassienne est bien consciente que les incidences financières d’un tel transfert brandies notamment par un député UDC ont pu crisper le débat au sein de la population, les partis réunis ce vendredi ont tenté de balayer les craintes. « Moutier n’est pas une dépense, mais un investissement qui va nous rapporter à moyen et long terme. C’est 10% de population en plus, un territoire en plus, une ville avec un apport politique et économique considérable, des entreprises connues au niveau mondial et une vie culturelle forte », dépeint Raphaël Ciocchi tandis que le député CS-POP Rémy Meury qualifie la mise en exergue des craintes financières de « vision court-termiste ».
Raphaël Ciocchi : « Une responsabilité historique et collective pour ouvrir la porte à Moutier. »
« L’engouement populaire observé lors de la fête du peuple et le 50e anniversaire du plébiscite m’a fortement rassuré quant à l’esprit de mobilisation des Jurassiens pour dire oui à l’arrivée de Moutier », rassure encore Rémy Meury. Au sein de ce comité interpartis, personne ne croit à un rejet de la population jurassienne. « Et nous avons par ailleurs une grande confiance dans le vote du canton de Berne », ajoute Pierre-André Comte, secrétaire général du Mouvement autonomiste jurassien qui a lancé l’appel à faire campagne auprès des partis jurassiens.
Pierre-André Comte : « L'UDC et le PLR ont préféré rester seuls dans la campagne. »
Une invitation à laquelle le PLR et l’UDC n’ont pas répondu, les deux partis de droite ayant pourtant tous deux approuvé le Concordat lors de leurs congrès respectifs. « Ils ont préféré rester seuls dans la campagne. Évidemment, on peut toujours regretter qu’il n’y ait pas une unité parfaite. Mais je sais qu’il y a, dans ces deux partis, des personnes qui pensent qu’il faut mettre un oui dans les urnes le 22 septembre. Donc je ne m’inquiète pas outre mesure et je les laisse mener leur propre campagne, en espérant qu’elle puisse être aussi efficace que le sera la nôtre », lance Pierre-André Comte.
« Une étape, mais pas la fin » ose le CS-POP
En cas de oui des deux peuples bernois et jurassiens, l’assemblée fédérale devra encore avaliser ce transfert qui serait alors, enfin, gravé dans le marbre. La fin de l’histoire ? « Au CS-POP, on estime que ce ne serait pas tout à fait tout à fait terminé avec la venue de Moutier. Ce serait une étape, mais pas la fin. Je pense à Belprahon, et peut-être d’autres. Si l’on se fie à la jurisprudence Clavaleyres (NDLR anciennement commune bernoise rattachée au canton de Fribourg depuis 2022), on voit qu’il existe des moyens légaux pour permettre à des communes de changer de canton. Nous devons dire que nous restons ouverts à toutes les communes du Jura sud qui souhaiteraient revenir dans le canton du Jura, dans des décennies s’il le faut, mais que l’on ne ferme pas la porte définitivement », ose fermement Rémi Meury, quand bien même les deux gouvernements se sont accordés à dire que l’acceptation du Concordat marquerait la fin de la Question jurassienne. /jpi