L'acteur français a présenté « Le Fil », en ouverture de la 20e édition du FFFH à Bienne. Son cinquième film en tant que réalisateur et acteur principal. Entretien.
« J’ai l’impression que je vous ai bien baladés, bien promenés un peu partout, et que je vous ai bien assommés à la fin. » L’acteur et réalisateur français Daniel Auteuil résume ainsi l’effet procuré par son film sur les spectateurs de la soirée d’ouverture de l’édition anniversaire du Festival du film français d’Helvétie (FFFH) à Bienne jeudi soir. Pour « Le Fil », son cinquième long métrage comme réalisateur, il s'est inspiré d'un fait réel : celui du procès d'un homme accusé d'avoir tué sa femme. L'avocat, campé par Auteuil, est convaincu de son innocence. Il va le défend bec et ongles, mené par son intime conviction. L’histoire vraie de ces deux hommes a d’abord été racontée dans le recueil de nouvelles de l’avocat Jean-Yves Moyart. Un ouvrage que sa fille lui a fait lire et qui l’a motivé à en faire une narration pour le cinéma. « Aucun scénariste n’aurait pu inventer cette histoire », confie le réalisateur. Une affaire judiciaire qui questionne la recherche de la vérité, l'intime conviction, l’impartialité de la justice et la part d’humanité du travail d'avocat.
Daniel Auteuil : « Je voulais que les spectateurs deviennent les jurés de ce film. »
« Le Fil », est avant tout un procès de crime conjugal qui fait écho à l’actualité judiciaire française, notamment au procès des viols de Mazan. Raconter l’histoire d’un avocat qui défend un homme accusé de féminicide, c'est à la fois banal, mais pas anodin pour Daniel Auteuil : « Tous les jours, des gens qui font la justice et qui sont confrontés à l’horreur du monde, gardent une part d’illusion dans leur métier et pensent que les monstres ne sont que dans les contes de fée. » Les films de procès se déroulent souvent à huit clos, dans l’espace confiné des tribunaux, mais « Le Fil » laisse des respirations au spectateur. Daniel Auteuil fait sortir le public prendre l’air du sud de la France et se balader dans les arènes avec les taureaux camarguais.
« Je voulais à la fois un film sociétal, un film sur la justice, et surtout un spectacle de cinéma. »
Il y a quelques années, le protagoniste de « Manon des Sources » et de « La Fille sur le Pont » annonçait ne plus avoir envie de passer derrière la caméra comme réalisateur. Aujourd'hui pourtant, il avoue avoir été rattrapé par ses premières amours.
« J’ai tiré le fil du désir de recommencer et retrouvé la foi. »
« Le Fil » de, et avec, Daniel Auteuil est à voir depuis ce mercredi dans toutes les salles de cinéma de Suisse romande. /cro