L’armée se prépare aux « pires scénarios » à Bressaucourt

L’aérodrome ajoulot est le théâtre cette semaine de l’exercice « Decentro » qui consiste en ...
L’armée se prépare aux « pires scénarios » à Bressaucourt

L’aérodrome ajoulot est le théâtre cette semaine de l’exercice « Decentro » qui consiste en un déploiement de forces hors des bases de l’armée. Disparues depuis 30 ans, ces manœuvres sont remises au goût du jour sur fond de contexte géopolitique instable.

L'aérodrome de Bressaucourt a accueilli ce mercredi deux hélicoptères de l'armée suisse, dont ce Super Puma. L'aérodrome de Bressaucourt a accueilli ce mercredi deux hélicoptères de l'armée suisse, dont ce Super Puma.

Une entrée contrôlée par des hommes en armes, filtrant l’accès à une piste cernée par plus de deux kilomètres de barbelés et barrières. En 24h, le paisible petit aérodrome de Bressaucourt s’est transformé en base militaire décentralisée occupée par la formation de Transport Aérien 1 (fo TA 1). En bord de piste, un centre de commandement et un centre de contrôle aérien ont été installés dans des containers mobiles. « Ici, c’est comme une mini tour de contrôle, tous les plans de vol sont affichés, toute la partie aérienne est conduite depuis cet emplacement », explique le Major Loïc Jecker au milieu des ordinateurs, logiciels de vols et autres cartes projetées.

Reportage

L'aérodrome de Bressaucourt n'est pas fermé ni interdit d'accès, mais gardé comme une base militaire. L'aérodrome de Bressaucourt n'est pas fermé ni interdit d'accès, mais gardé comme une base militaire.

Pas moins de 22 camions ont acheminé tout ce matériel dans le Jura depuis Payerne dans le cadre de cet exercice baptisé « Decentro ». Abréviation de "décentralisation", il consiste au déploiement des forces hors des bases traditionnelles de l’armée. La mission des 322 militaires qui gravitent jusqu'à vendredi autour de l’aérodrome ajoulot : préparer le secteur pour accueillir des hélicoptères et autres appareils afin de disperser des hommes et moyens dans une potentielle zone de conflit ou d'intervention. Pompiers militaires, camions, sécurité au sol, réserve de carburants, tout est prêt pour accueillir des appareils. Attendus à 11h00 ce mercredi matin, les deux hélicoptères Super Puma et EC635 atterrissent en provenance de Bière à 14h30 après avoir été bloqués par un épais brouillard sur la base vaudoise.

« C’est la cerise sur le gâteau avec nos hélicoptères qui sont sur l’aérodrome de Bressaucourt. L’engagement est complètement réussi. Ça valorise surtout le travail qui a été fait à tous les échelons du côté des la logistique et de la sécurité sur la place », sourit le commandant EMG Christian Bangerter qui dirige l’opération.


Des scénarios de conflit qui « deviennent une hypothèse de travail »

Ce type de manœuvre avait été abandonnée par l’armée dans les années 90, après la chute du mur de Berlin. « Mais la situation géopolitique actuelle et le retour de la guerre sur le vieux continent nous fait remonter en puissance sur ce point-là. Ces scénarios en cas de conflit, d’engagement, deviennent une hypothèse de travail. On a vu avec l’invasion de l’Ukraine que la situation peut changer. On doit s’orienter sur du long terme au niveau de la défense, et l’acquisition des moyens, les changements d’instructions, ça prend des années », appuie le commandant de l’opération.

« On est obligé maintenant d’être prêt pour le pire scénario ou le plus extrême », renchérit le Major Loïc Jecker devant des soldats en train de camoufler un hélicoptère en bois pour en faire un leurre, là aussi un exercice disparu depuis une trentaine d’années et remis au goût du jour. Plusieurs manœuvres de sauvetage et de prise de position dans la région attendent encore la « fo TA 1 » cette semaine. Avant un repli prévu vendredi. /jpi

Un second appareil, EC635, s'est posé ce mercredi à Bressaucourt. Un second appareil, EC635, s'est posé ce mercredi à Bressaucourt.


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