Un bancomat en lambeaux. Sur le trottoir de la Route principale de Bure gisent des éclats de verre et la baie vitrée de l’agence Raiffeisen, soufflée par l’explosion. Les stigmates de l’attaque perpétrée dans la nuit de lundi à mardi sont encore bien visibles, plus de huit heures après les faits. Sous la bruine en ce milieu de matinée, la police scientifique prélève encore le moindre indice. « C’est la grande discussion du matin, que le monde devient fou ! », lâche Cindy, gérante du petit magasin du village situé sur le même trottoir à une quarantaine de mètres de la banque. Parmi ses clientes, Hélène, qui habite à quelques pas de là, est encore secouée par les événements de la nuit. « On a entendu un grand boum vers 2h, comme un coup de tonnerre. Je suis allé voir par la porte, il m’a semblé entendre parler très doucement, j’ai vu de la fumée. J’étais prête à y aller et mon mari m’a dit : c’est peut-être à la Raiffeisen. Après, je n’ai plus eu le courage de sortir mais on a appelé la police », confie cette habitante.
Reportage
L’explosion a été d’une telle violence que l’appartement situé au-dessus de la banque en a été ébranlé. Les locataires, un couple de retraité, ont dû être relogés. « Il y a des poutres qui sont remontées dans l’appartement, toute la cuisine est détruite. Quand on entre dans l’appartement, c’est impressionnant », décrit le maire de Bure, Sébastien Gschwind, après avoir pu constater les dégâts. En mars 2019, déjà, des cambrioleurs avaient tenté de s’attaquer à cette agence Raiffeisen de Bure. Forcément, pas de quoi rassurer Cindy dans son petit magasin juste à côté. « On se pose des questions oui. De la crainte, il y en a toujours. Je me suis déjà fait cambrioler plusieurs fois, on sait qu’on est au bord de la frontière mais cela peut arriver n’importe où. La police ne peut pas non plus être partout. C’est à nous de nous protéger comme on peut, avec des systèmes d’alarme, etc. ».
« Pas un sujet qui revient régulièrement au Conseil communal »
Pour autant, Sébastien Gschwind réfute l’idée d’un sentiment d’insécurité généralisé dans son village. « Je ne pense pas. Effectivement on est un village frontalier, on a connu un certain nombre de cambriolages, mais pas plus que d’autres villages des zones frontières. Ce n’est pas un sujet qui revient régulièrement sur le bureau du Conseil communal », affirme Sébastien Gschwind. Selon la police les braqueurs auraient pris la fuite en direction de la France. Les relevés des équipes en science forensique devraient permettre d’en savoir plus sur leur mode opératoire. Le montant du butin n’a toujours pas été déterminé. /jpi