L’écriture inclusive bannie des publications cantonales

Le Parlement jurassien a accepté ce mercredi une motion du député socialiste Pierre-André Comte ...
L’écriture inclusive bannie des publications cantonales

Le Parlement jurassien a accepté ce mercredi une motion du député socialiste Pierre-André Comte qui réclame la fin de l’utilisation de l’écriture inclusive dans les actes officiels et publications des autorités et de l’administration cantonales

Le Parlement jurassien a accepté un motion du député socialiste Pierre-André Comte demandant l’abolition de l'utilisation du langages inclusif dans les publications officielles. (Photo : Georges Henz) Le Parlement jurassien a accepté un motion du député socialiste Pierre-André Comte demandant l’abolition de l'utilisation du langages inclusif dans les publications officielles. (Photo : Georges Henz)

L’administration et les autorités cantonales devront se passer de l’écriture inclusive. Après de nombreux débats ce mercredi, le Parlement jurassien a accepté par 31 voix contre 27 et 1 abstention une motion du député socialiste Pierre-André Comte intitulée « Mettre fin aux écritures alternatives (écriture inclusive) dans les actes officiels et publications des autorités politiques et de l’administration cantonale ».

Concrètement, cette motion demande l’alignement de l’actuelle directive cantonale sur celle de la Chancellerie fédérale, qui proscrit l’utilisation du langage inclusif. Le texte fédéral justifie ce choix par des positions largement reprises dans l’argumentaire de Pierre-André Comte : ces pratiques linguistiques sont difficiles à décoder et rendent la lecture plus complexes, ne sont pas traduisibles à l’oral et creusent ainsi l’écart entre le langage parlé et écrit. Le dépositaire de la motion ajoute également que le point médian ou le tiret (par exemple : ceux·elles, acteur·rice, nombreux-ses) ne sont pas reconnus par les logiciels d’aide à la lecture et conduit à des formulations non grammaticales. La directive fédérale préfère l’utilisation de termes épicènes ou collectifs (par exemple : le corps enseignant contre les enseignant·e·s ou la population contre les habitant·e·s).

Pierre-André Comte se défend de vouloir porter atteinte aux droits des femmes. Il estime, par ailleurs, être probablement un des députés qui a le plus déposé d'interventions ces dernières années en faveur de l'égalité entre les femmes et les hommes. 

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La directive cantonale fournit une base suffisante

Le Gouvernement, dont la position a été exprimée par le biais de son président Jacques Gerber, estime que l’actuelle directive cantonale n’est pas si différente de celle émanant de la Chancellerie fédérale et a fait ses preuves jusqu’ici. Les doublets visant à féminiser ne sont utilisés qu’en dernier recours. Aucune réaction de la part de population ainsi qu’aucun abus de l’actuelle directive n’ont été constatés. L’exécutif estime que la mise en place de cette motion serait trop contraignante et invitait ainsi le Parlement à la refuser. Le président du Gouvernement a fait encore remarquer qu’une étude sur la manière de favoriser l’égalité dans le langage, sur la base d’un postulat accepté par le Parlement, était en cours par le Bureau de l’égalité.

« Un grave retour en arrière »

La députée PCSI Géraldine Beuchat était « vigoureusement opposée à cette motion » à titre personnel alors que son groupe parlementaire n’est pas parvenu à un consensus à ce propos. Elle a dénoncé un « grave retour en arrière ».

Les Vert-e-s ont également refusé de soutenir la motion. La député Céline Robert-Charrue Linder estime que le langage est « un enjeu de pouvoir et un merveilleux outil citoyen pour lutter contre les inégalités ». Elle a expliqué que le dogme du masculin qui l’emporte sur le féminin n’avait pas toujours été appliqué et était issu d’une volonté politique d’effacer les femmes, notamment de certains rôles ou métiers. Selon l’élue, les problèmes de compréhension par la population ne viennent pas particulièrement de la féminisation, mais plutôt du jargon administratif.

Enfin, la discorde concernant le langage inclusif s’est entendue au sein même du PS. La députée socialiste Leïla Hanini a longuement tenté de convaincre l’assemblée de refuser la motion en exprimant un argumentaire basé sur les résultats de plusieurs études scientifiques démontrant que la féminisation de certains termes contribuait à une forme d’égalité.

Au final, le texte de Pierre-André Comte a été accepté notamment grâce à des voix venues de la droite. /jad-fco


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