La situation des finances cantonales inquiète la Chambre de commerce et d’industrie du Jura. La CCIJ fait part ce vendredi de sa plus vive préoccupation, quelques jours après la publication des comptes 2023 de l’Etat (déficit de 11,8 millions de francs, mais de 37,8 millions sans la dissolution des dernières provisions). Elle estime que le Jura pourrait se retrouver avec un découvert à son bilan dans moins de deux ans, ce qui le priverait de toute marge de manœuvre pour investir à l’avenir.
La CCIJ indique que l’Etat a obtenu l’an dernier des recettes supplémentaires, mais que celles-ci n’ont pas suffi à équilibrer les comptes. « Nous sommes dans une période de haute conjoncture et les impôts ont rapporté près de 25 millions de francs de plus par rapport à 2022. Malgré cela, on est encore loin de l’équilibre. Ce qui nous inquiète tout particulièrement, c’est que la fortune nette de l’Etat s’amenuise de plus en plus. A ce rythme-là, on va rapidement passer à une fortune négative. Il faut absolument pouvoir conserver une capacité d’investir pour le futur. Sans cela, les autorités devront se cantonner à gérer les affaires courantes. Cette perspective nous préoccupe vraiment beaucoup », commente Pierre-Alain Berret, le directeur de la Chambre de commerce et d’industrie du Jura.
« Il faut que les forces politiques s’unissent »
Le CCIJ souhaite que cette situation précaire serve de détonateur pour moderniser – « enfin » – l’Etat jurassien. « Il faut que les forces politiques s’unissent pour prendre le taureau par les cornes et réformer les structures étatiques. De notre point de vue, elles doivent être revues fondamentalement, tout comme la façon de délivrer les prestations. La dispersion des forces et des moyens dans un canton de moins de 75'000 habitants n’est plus possible », dit Pierre-Alain Berret. Le CCIJ se déclare disposée à s’investir dans les réflexions si les autorités le jugent opportun.
Quant à la question d’une hausse d’impôts – qui refait surface – la Chambre est claire : « Ce n’est pas une solution ni une option pour nous. C’est la ligne rouge ! Ce n’est pas comme cela qu’on va rendre le Jura attractif. D’autre part, pour trouver l’équilibre, il faudrait doubler l’imposition des entreprises ou augmenter de 20% celle des personnes physiques. On voit bien avec ces ordres de grandeur que ce n’est pas réaliste. Le déficit est structurel et c’est vraiment à cela qu’il faut s’attaquer », conclut Pierre-Alain Berret.
Pierre-Alain Berret : « Aujourd’hui, nos autorités n’ont plus tellement le choix »
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