Coup de théâtre devant le Parlement à l’heure de voter la validité matérielle de l’initiative populaire pour un fonds climat cantonal : le député Alain Schweingruber a réalisé en dernière minute que le Parlement se prononçait hors délai, mettant tout le monde dans l’embarras.
Il n’est pas tout à fait 16h30 quand députés et ministres plongent dans l’embarras le plus total ce mercredi devant le Parlement jurassien. A cette heure-là, l’initiative populaire « Pour un fonds destiné à lutter au niveau cantonal contre le dérèglement climatique » est dans le flou artistique, pas loin de finir aux oubliettes. Les députés étaient appelés à voter la validité matérielle de l’initiative qui avait fait l’objet d’une analyse (précise et rigoureuse) par la commission de la justice. Toutes les conditions avaient été analysées et jugées valides par les spécialistes. On se dirige alors vers une formalité, jusqu’à la surprise du chef : la montée du député PLR Alain Schweingruber à la tribune.
« J’y pense à l’instant : le délai ! »
« On a effectivement étudié toutes les conditions qui sont remplies... sauf une. J’y pense à l’instant : le délai ! La loi sur les droits politiques prévoit 6 mois après le dépôt de l’initiative et elle a été déposée il y a près d’un an, on est hors délai », fait remarquer de manière aussi soudaine qu’inattendue l’avocat de profession et membre de la commission de la justice. La salle rit jaune, la ministre Nathalie Barthoulot, en charge du dossier, est décontenancée et personne ne sait quoi faire. Dans la confusion, le Gouvernement et la présidente de la commission de la justice, Amélie Brahier, évoquent un report du dossier. Le président du Parlement Yann Rufer demande alors une interruption de séance. Branle-bas de combat, tout le monde discute.
Le joker « coup de fil à un ami » sauve le fonds climat
« Tu n’aurais pas pu me le dire ce matin ? », souffle désorientée la ministre à Alain Schweingruber. « Faut bien qu’on s’amuse un peu », lance avec un sourire gêné mais amusé le député PLR à quelques collègues de banc. En aparté, la ministre utilise, comme elle le dit si bien, son joker « coup de fil à un ami » et s’empresse d’appeler le service juridique du canton. Suspense... Elle revient devant les députés tout sourire et soulagée pour dire que, selon les juristes, le délai n’est donné par la loi « qu’à titre indicatif » et qu’on « peut se prononcer au-delà sans conséquence ». La présidente de la commission de la justice Amélie Brahier retire alors, soulagée elle-aussi, sa motion d’ordre qui demandait un report du dossier. La validité matérielle de l’initiative « Fonds climat » est finalement largement acceptée par 49 voix contre 8. Mais qu’on se le dise, on a bien failli la perdre ! /jpi