Un budget 2014 qui vire au rouge pour le canton du Jura. Le Gouvernement l’a présenté à la presse jeudi matin. Le déficit est évalué à 5,5 millions de francs, mais Charles Juillard se « satisfait de ce budget » qualifié « d’acceptable et supportable ». Le ministre des Finances ajoute que l’Etat ne coupe pas dans les prestations et ne puise pas dans ses réserves pour l’an prochain, même s’il creuse la dette (335 millions).
Le budget doit avaler l’harmonisation fiscale entre couples mariés et concubins, c’est 7 millions de manque à gagner. Il doit aussi supporter les premiers effets de l’assainissement de la Caisse de pensions, validé mercredi au Parlement. Autre soucis: les coûts du domaine de la santé et du social qui prennent l’ascenseur, et le canton craint que ce soit de façon irrémédiable. Les charges du personnel de l’Etat inquiètent également. Elles augmentent de 6,7 millions. Il y a 12 emplois supplémentaires dans la fonction publique, mais l’enseignement est stable.
Outre la maîtrise des charges propres, les réjouissances proviennent avant-tout des impôts. Les revenus fiscaux ont progressé de près de 10 millions de francs l’an passé, une hausse expliquée par la bonne conjoncture actuelle. Les investissements restent « élevés », mais de l’ordre des autres années (151 millions).
Des nuages noirs ?
Une bonne conjoncture, des rentrées fiscales en hausse et pourtant, un déficit de plusieurs millions de francs, faut-il s’inquiéter ? « Oui », répond Charles Juillard « le gouvernement tente de trouver des solutions, mais les charges progressent plus vite que les revenus ». L’exécutif compte sur le projet OPTIMA, qui analyse les prestations de l’Etat dans le but de les optimiser, pour dégager de nouvelles marges de manœuvre financière dès 2015.
Des effets attendus, et rapidement si possible, car le temps n’est pas au beau fixe pour le futur et comme Charles Juillard n’est pas « Madame Soleil », il craint, sans certitude mais avec conviction, que des gros nuages fédéraux déversent des orages aux conséquences dangereuses pour les comptes jurassiens d’ici quatre à cinq ans. « Nous craignons la réforme de l'imposition des entreprises et celle de la péréquation financière au niveau fédéral », concède Charles Juillard. « Le Jura pourrait perdre plusieurs dizaines de millions de francs », avant de conclure sur une nouvelle métaphore météorologique : « Il ne fera pas bon ». /clo