L’un des partis à l’origine de la création du Canton du Jura propose aujourd’hui d’en redessiner la carte. On garde évidemment les frontières cantonales, avec l’arrivée prévue de Moutier, et on gomme le mille-feuille administratif qui le compose pour repartir d’une carte vierge. Le Parti chrétien social-indépendant propose dans l’initiative populaire lancée ce mardi un Jura à trois, quatre, cinq ou six maximum au lieu des 53 communes actuelles. Un écrémage drastique. « Ce n’est pas une demi-mesure », reconnaît Thomas Schaffter qui balaye les « petites fusionnettes » qui ont fait leur temps sans se montrer selon lui suffisamment efficaces. « Ces petits rapprochements n'apporteront pas de changement significatif dans le fonctionnement de nos institutions qui arrivent à la limite d’un blocage », défend le président du PCSI et conseiller de ville à Porrentruy.
Réduire les intermédiaires dans les processus de décision
Un Jura à six communes au plus, c’est aussi une tendance à la professionnalisation des administrations et des élus dont le nombre se trouverait réduit alors que les candidats se font justement de plus en plus rares. Pour le maire de Delémont Damien Chappuis, le système gagnerait surtout en efficacité, exemple vadais à l’appui. « Prenez des sociétés telles qu’Innodel, des institutions telles que l’agglomération, le SEDE (Syndicat pour l’assainissement des eaux Delémont et environs), le SEOD (Syndicat de gestion des déchets de Delémont en environs) et j’en passe. Il y a de plus en plus d’allers-retours entre les membres de ces organisations et leurs exécutifs politiques respectifs pour prendre des décisions. Cela prend du temps. A l'échelle supérieure, quand le canton veut rentrer en contact avec l’ensemble des communes, ce sont des contacts avec 53 d’entre elles ! Donc un Jura entre trois et six communes gagnera en efficacité », esquisse l’ancien député.
Thomas Schaffter assure que le lien avec les habitants ne disparaîtra pas
Mutualiser, c’est aussi économiser avance le PCSI à l’heure où beaucoup de communes sont sous perfusion. « Le fonds de péréquation arrose les trois quarts des communes qui n’ont plus les moyens de fonctionner ni de faire des investissements. Il ne sera bientôt plus possible pour certaines communes de subvenir à leurs besoins. L’année prochaine, dans cinq ans ou dix ans, il faudra une répartition des richesses, mais ça ne peut plus continuer comme ça », renchérit Claude-Adrien Schaller, conseiller communal à Saignelégier. Le parti y voit aussi l’opportunité de gommer des disparités fiscales parfois importantes. Si l’initiative venait à aboutir, le PCSI espère pouvoir la réaliser en incorporant Moutier dans ce nouveau découpage, possiblement dès 2026. Le Jura ne serait d’ailleurs pas le premier canton à réduire ainsi drastiquement son nombre de commune. Les initiants rappellent volontiers l’exemple du canton de Glaris (environ 40'000 habitants) qui ne compte plus que 3 communes depuis 2011. /jpi